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Mercredi 13 décembre
03h01.
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.e monde s'ouvre.
Kaën est banni. L'Hydre s'est perdue dans son coma prolongé. Wïane est menottée par l'étiquette et les apparences. Mes démons sont sous contrôle.
Si je ne suis pas encore libre, je suis libéré.
De nouveaux membres ont rejoint le Conseil. Je tenais à nommer des représentants des corporations de la ville, leur donner une voix et une place dans l'organisation du royaume. Après tout, il fallait bien remplir les sièges vacants qu'ont laissés les nobles que j'ai éparpillés aux quatre coins de nos territoires. Zan m'a assuré que les élémentaires qu'elle me désignait étaient dignes de confiance et mus par une réelle volonté de m'aider. Je reste prudent. J'attends de voir ce que cela va donner.
Siànan m'a également parlé de rapatrier au château les enfants de la noblesse d'épée en âge d'être formés. Il pense que les entraîner ici, au pied du volcan où notre empire est né, est susceptible de les rallier à ma cause bien plus efficacement que ne peuvent le faire leurs précepteurs. J'aimerais pouvoir le charger, lui, de s'occuper de la formation de ces jeunes esprits. Mais Siànan n'est pas un noble et il est encore trop jeune pour que la Cour lui accorde le moindre crédit. Il est trop tôt pour le nommer à mes côtés.
Je vais légaliser pleinement l'usage de la magie. Je veux m'entourer de sorciers, de mages, d'enchanteurs et de devins. Je suis persuadé que je peux m'attirer la loyauté de Steal. Après tout, il est à la Cour depuis plus de vingt ans et n'a jamais témoigné à l'Hydre une farouche amitié. Je déteste le voir enchaîné. J'aimerais le voir comme mon allié.
Wïane me parle de l'importance d'entretenir et de renforcer nos conquêtes. Elle parle de mon règne comme d'une apothéose de l'Ère de Flammes. Son approche a changé avec moi. Elle ne me menace plus, elle ne fait plus appel à l'autorité de l'Hydre pour tenter de me faire agir selon ses lois. Elle a adopté le ton du professeur. Elle cite les noms des premiers rois, ceux des Oubliés et ceux des peuples massacrés. Elle se sert de l'histoire pour tenter de me faire comprendre que sa vision du monde devrait être la mienne. Sur ce terrain-là, nous sommes à armes égales. Nos connaissances du passé sont les mêmes. Les mêmes historiens ont porté nos années d'étude et d'apprentissage. Elle sait aussi bien que moi quels traités ont signé les Grands Rois et pourquoi les massacres des créatures magiques ont commencé, pourquoi ils ont continué et se sont banalisés. Nous partageons une rancœur et je la rejoins pour dire que l'ère des hommes doit toucher à sa fin. Nous redoutons tous deux d'être attaqués comme nous l'avons été il y a des centaines d'années, le jour où les humains ont décrété que l'élémentarité était une malédiction, une peste à exterminer. Je ne veux pas avoir à recréer une armée comme ont dû le faire mes ancêtres pour sauver les leurs. Avec Wïane, nous différons sur ce que nous pouvons faire de ce passé partagé. Elle veut l'honorer. Je refuse de le perpétuer.
Je suis convaincu que mon royaume a besoin de temps pour se forger véritablement. J'ai besoin de temps. Je ne veux pas me retrouver à agir uniquement contre les idées de l'Hydre ou contre Kaën, je risquerais de devenir leur héritier. Je veux construire mes propres rêves.
Le monde est prêt.
Il est l'heure de sonner la fin des soldats de feu, l'heure de laisser naître les hommes de jeu.
Avec moi se clôt l'ère de la guerre et s'ouvre celle des élémentaires.
Le monde s'ouvre.
Il aura besoin d'une lumière.